Cette partie sera assez courte car elle complète la partie concernant le doute car les personnes perfectionnistes peuvent douter.
Types et dimensions du perfectionnisme
Il existe communément deux types de perfectionnisme selon l’origine et la source du perfectionnisme (Hewitt et Flett, 1991) : le perfectionnisme orienté vers soi et le perfectionnisme socialement prescrit. Dans le premier cas, les critères sont définis par et pour la personne. Dans le deuxième cas, les critères peuvent être socialement prescrits et/ou exigés par les parents. Il peut y avoir un troisième type où les personnes ont des exigences très élevées envers autrui. Toutefois, le perfectionnisme n’est pas une pathologie en soi. En effet, il peut être tout à fait sain et correspondre à l’aspect consciencieux du modèle de la personnalité en 5 facteurs. Il peut devenir pathologie lorsqu’il crée du stress que la personne ne peut réguler, comme : le doute concernant les actions, les préoccupations face aux erreurs, les attentes et critiques parentales… (l’Échelle Multidimensionnelle de Perfectionnisme – F-MPS – de Frost et ses collaborateurs, 1990). Nous voyons déjà que le doute n’est pas forcément constitutif du perfectionnisme mais peut y être associé.
Perfectionnisme et haut potentiel intellectuel
On peut se demander si le perfectionnisme est associé à l’intelligence et a fortiori si les personnes à haut potentiel intellectuel sont amenées à se montrer perfectionnistes.
Logiquement, il n’y a pas de lien entre les capacités intellectuelles et les exigences que l’on peut se mettre dans les performances, autrement dit, il n’y a pas de lien entre la puissance du moteur et l’envie de rouler à la perfection.
Dans la clinique, s’il est possible de rencontrer des personnes à haut potentiel intellectuel perfectionnistes, nous en rencontrons d’autres qui ne le sont pas et qui présentent au contraire un caractère consciencieux très faible.
Voici 2 schémas représentant le caractère consciencieux (en lien avec le perfectionnisme) de personnes reçues à mon cabinet et qui ont accepté de participer à une recherche : il y a 46 enfants et une dizaine d’adultes. Les questionnaires utilisés sont : HiPIC pour les enfants (remplis par les parents) et NEO-PI III pour les adultes. Dans les deux cas, le caractère consciencieux se trouve dans une moyenne faible, excluant ainsi le perfectionnisme comme trait caractéristique des personnes à haut potentiel intellectuel.
Regardez bien également les valeurs extrêmes sur les graphiques, représentés par des points bleus.
Il ne faut pas oublier que ce sont des personnes reçues en consultation et qui ont donc une plainte. Pour les enfants, les parents se plaignent souvent de comportements perturbateurs, qui peuvent être en lien avec un TDAH ou pas, et qui amènent les enfants à se montrer moins persévérants. Pour les adultes, les personnes souffrent car elles ne réussissent pas à aller au bout de leurs projets, souvent par une autodiscipline faible engendrée par des émotions perturbatrices.
A retenir
Le perfectionnisme n'est pas forcément une pathologie ; il le devient lorsqu'il est source de stress important. Il s'agit avant tout de croyances intériorisées et auxquelles on répond. S’il n'est pas une pathologie, il peut être rapproché du caractère consciencieux qui se trouve dans les questionnaires de personnalité en 5 facteurs. Dans la clinique, tout profil peut être rencontré, signifiant que le perfectionnisme n'est pas un trait caractéristique des personnes à haut potentiel intellectuel.
Sources
Frost R. O., Marten P., Lahart C., Rosenblate, R. (1990). The dimensions of perfectionism. Cognitive Therapy and Research, 14 (5), p 449–468. Hewitt P. L., Flett G. L. (1991). Perfectionism in the self and social contexts: Conceptualization, assessment, and association with psychopathology. Journal of Personality and Social Psychology, 60 (3), p 456–470.